Texte

VALÉRIA ESCOUGNOU-CETRARO

Making Circle

Catalogue de l'exposition "The End", Ed. D.E.R.I.V.A

Magali travaille avec les résonances de la matière, écho de son imaginaire et des lieux qu’elle a traversés. Ses œuvres nous transportent au-delà de l’espace d’exposition vers un ailleurs qui devient présent par sa sonorité. A travers l’urbain et le naturel, elle explore le son des images et les images du son. Avec une sincérité tranchante, elle analyse l’environnement et nous en propose une nouvelle lecture par un langage constitué de symboles et signes essentiels, corpus d’une mythologie en action.

Lors de la performance Making Circle Magali Sanheira trace l’empreinte visuelle et acoustique de son effort qui se consomme, tour après tour. Le corps en mouvement forme un tout avec l’image du cercle et le bruit du charbon, dans une dimension totalisante, où coexistent plusieurs strates perceptives.

La monotonie de la répétition incessante du même geste est brisée par les accidents du support, la direction est toujours la même mais change les événements du parcours, et le cheminement n’est jamais exactement identique. Apres la performance, l’action est perpétuée par son enregistrement sonore qui prolonge la répétition du geste à l’infini. La matière du charbon ne disparaît pas me se transforme en poussière de l’effort et débris de sa couleur.

C’est la boucle existentielle de l’éternel retour avec toute l’absurdité d’une répétition dont nous ne connaissons pas le sens. C’est l’absurdité de l’effort de Sisyphe à chaque fois qu’il transporte la pierre au sommet de la montagne avant qu’elle ne retombe à ses pieds, perpétuellement. Mais comme disait Camus, «il faut imaginer Sisyphe heureux». C’est par l’acceptation consciente de l’inutilité de son geste que Sisyphe acquière sa liberté. Et c’est par cette détermination sans concession que le bruit du déchirement devient le son d’un nouveau départ.