Exposition Zero-Crossing

 

 

du 17 au 26 septembre 2010
Commissariat Magali Sanheira
Communication Judith Lavagna
Régie Anne-Marie Spiroux-Angelis

Vernissage vendredi 17 septembre à 18h
Concerts à 20h
Dosage (aka Sayoko), Death by car (aka Gaël Angelis)

Avec Gaël Angelis, Emilie Benoist, Simon Bernheim, Bertran Berrenger, Pascal Bircher, Rada Boukova, Thomas Fontaine, Pier Francesco Lerose, Noé Nadaud, Philippe F. Roux, Nader Sadek, Magali Sanheira, Sayoko, Julien Sirjacq

Artiste et initiatrice de Zero-Crossing, Magali Sanheira a d’abord réuni pour ce projet des artistes dont les démarches et les sensibilités se rapprochent, par intuition et proximité formelles, de ses préoccupations artistiques personnelles.
Plus qu’un agencement formel autour d’une thématique donnée, Zero-Crossing est une exposition qui cherche à rassembler plusieurs artistes dont les intentions sont portées par des problématiques communes, du spectre de l'expérience aux relations entre science et culture.
Sans interpréter directement le point de passage du Zero-Crossing[1] en une donnée théorique, les artistes de l'exposition s’emparent plutôt de son arrière-plan sémantique en s’appuyant sur des notions de limite, d'oscillation, de vibration et de point de basculement.
Les artistes de Zero-Crossing proposent ainsi au visiteur de venir observer des expériences scientifiques étranges ; d’aborder, de manière frontale ou détournée, la propagation physique et vibratoire d’un son ; de se confronter à une matière organique modifiée sans oublier la part des probabilités subjectives tant appréciées des pataphysiciens.

Car la réalité est juste un point de vue, mais lorsque vous arrêtez d’y croire, elle persiste... Un fil de nylon traverse la salle d'exposition dans toute sa longueur. Elément vibratoire captant les œuvres sonores de Gaël Angelis et la chaleur des gélatines de Simon Berheim, Philippe F. Roux joue sur les points de passage de quelques microns, par une forme d'invisibilité in situ renforçant la dimension conceptuelle de son travail sonore.
En représentant le graphe du Zero-Crossing par une structure pop et formaliste parée de plumes d'un oiseau rare, Magali Sanheira suggère la présence potentielle d'un son pourtant marqué au point zéro, celui de la coupe et du point de silence, laissant sa portée à l'imagination du spectateur et à l'espace du hors-champ.
Quant à Simon Bernheim, il utilise le langage comme une écriture spatiale qui interpelle le spectateur par sa présence autant physique qu’évocatrice de sens, avec une puissance formelle très éloignée de l’onde de choc ironique de Rada Boukova et de son exploitation modeste des matériaux.
Avec Paramétrique #4, Gaël Angelis combine des matières et des objets sonores pour créer une musique bruitiste générant à chaque fois une nouvelle composition aléatoire, faisant écho au studio 103 de la Maison de la Radio, espace en cours de démolition, haut lieu de la musique spectrale, que Julien Sirjacq investit par la création d’une composition optique nourrie d'archives et d'indices acoustiques, habitée par la présence fantomatique du célèbre chef d’orchestre Boris de Vinogradow.
Au deuxième étage, le duo Bertran Berrenger accueille le spectateur par une valise posée au sol, ouverte. A l’intérieur, les dernières expériences d’un anonyme. A coté, une série d’objets, un dispositif en action.
Des formes élémentaires qui nous renseignent sur le quotidien de ce mystérieux chercheur et se réfèrent, par expansion et contre toute attente, au développement de la théorie des catastrophes [2].
Roulé en boule et jeté à même le mur par Pascal Bircher, le livre l’Innommable de Samuel Beckett (1953) subit un changement de nature qui le réduit à l’état de papier mâché et du presque rien [3], tandis que Philippe F. Roux persiste à brouiller les frontières du visible et de l’audible par zones de fréquences et de polarités.
La peinture de Pier Francesco Lerose vient contrecarrer l’expérience perceptive du spectateur en présentant une composition picturale très colorée, où s’articulent des formes abstraites et chaotiques, réalisées par report d’images numériquement modifiées et l'utilisation de techniques traditionnelles.
Plongée dans l’obscurité, la sculpture d’Emilie Benoist donne à voir un paysage surnaturel et mutant, composé d’une accumulation de matière organique et de corps moléculaires, répondant à la radioscopie de Thomas Fontaine qui juxtapose la mise en scène d'une photographie à l'espace désincarné des neurosciences.
Nader Sadek filme les ébats d'un couple emprisonné dans une peau de silicone, qui se sert du sexe comme d’un moyen calculé pour explorer les incertitudes de leurs comportements, où la morbidité des corps rejoint la décadence des images projetées de Noé Nadaud, signes d'un monde à la dérive...
L'exposition sera inaugurée par deux concerts : Death by car (aka Gaël Angelis) et Dosage (aka Sayoko), qui nous plongeront dans une atmosphère électro-acoustique où il est question de la confrontation homme/machine.

Magali Sanheira

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[1]. Théorie utilisée dans les mathématiques, l’électronique et la musique, le Zero-Crossing indique le passage à zéro. Il marque le changement d’une fonction, sur deux axes, voltage et temps. il est le point d’ancrage et de transition qui précède ou laisse advenir une oscillation entre un X négatif et un Y positif. [2] Le terme de “catastrophe” désigne le lieu où une fonction change brusquement de forme. La Théorie des catastrophes a été fondée par le mathématicien français René Thom en 1968. [3] «Peut-être ne sommes-nous pas en présence d’un livre, mais peut-être s’agit-il de bien plus que d’un livre de l’approche pure du mouvement d’où viennent tous les livres ; de ce point originel où sans doute l’œuvre se perd, qui toujours ruine l’œuvre, qui en elle restaure le désœuvrement sans fin, mais avec lequel il lui faut aussi entretenir un rapport toujours plus initial sous peine de n’être rien. C’est à épuiser l’infini qu’est condamné L’Innommable. », Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Éditions Gallimard, 1963